Dans l’ ``advertissement`` de 1560 De la vraye, Viret fait un historique de son livre (f. *2r, 5 - *2v, 2) :
- Quand j’ay commencé à escrire de la matiere des vœus, j’ay premierement parlé en general de la nature & des diverses especes & differences d’iceus ; & puis j’ay escrit en special du vœu de Jacob, & des Sacrifices pacifiques, à cause de vœus qui souventesfois ont esté adjoints à iceus. Et ayant exposé ce qui en est contenu és sainctes Escritures, j’ay monstré puis apres, quelle convenance & difference, il y avoit entre le vœu de Jacob & les vœus des sacrifices pacifiques, & ceus des Payens & des Papistes, qui approchent le plus de ceus-la. Et pource que j’ay promis de faire le semblable, touchant le vœu de Jephthé, il m’a semblé bon de mettre en lumiere ce que j’en avoye es-[*2v]crit, il y a desja fort long temps, apres que je l’auroy’reveu & disposé par ordre.
Viret parle ici de son précédent ouvrage, 1551 De la nature, dont la deuxième partie (pp. 77 ss.) s’intitule : « Des vœuz de Jacob & de David, & des sacrifices pacifiques, & de la conference & difference d’iceux, avec ceux des vrays fideles & des idolatres. » Viret a composé son livre comme s’il s’agissait de deux traités distincts (cf. pp. 76, 15-18 ; 77, 9-13). En fait il pensait écrire quatre traités sur le sujet (1551 De la nature, pp. 4, 22 - 5, 23) :
- Et pour deduire la chose par meilleur ordre, nous diviserons toute ceste matiere en quatre parties, & traitez, lesquelz un chacun qui voudra, pourra avoir à part, ou conjointz ensemble, selon qu’il luy semblera plus convenable. Au premier, il sera parlé en general de la matiere, nature & substance, & des diverses manieres des vœuz. Au second, nous proposerons les exem-[5]ples des vœuz de Jacob, & de David, & des sacrifices pacifiques ; & puis nous monstrerons quelle difference ou convenance il y a, entre ceux cy & ceux des Payens & des Papistes, & des vrays fideles, touchant les matieres qui concernent les necessitez de ceste vie mortelle. Au troisiesme, nous mettrons en avant le vœu de Jephté, à cause de la convenance qu’il peut avoir en aucuns poinctz avec ceux de David, & à l’occasion d’iceluy, nous parlerons aussi des vœuz d’anathematization & d’occision, de virginité & continence, & des sacrifices des enfans, & des cas ausquelz il est licite de tenir ses vœuz ou les rompre, & des vierges & nonnains, tant du peuple de Dieu, que des Payens, des Turcz & des Papistes, & de la convenance, ou difference qui est en tous ceux cy, tant en toutes ces matieres, qu’en la defense ou usage du mariage. Au quatr’iesme, nous trairerons, la matiere du vœu des Nazariens, sur lequel il sera aussi parlé des autres vœuz des moynes & de leur moynerie ; & de ceux qui se sont, touchant les viandes, habillemens & autres telles ceremonies, suyvans l’ordre de la conference ou difference qui en telles matieres se peut trouver entre les fideles & infideles, & entre les vrays Chrestiens & les superstitieux & idolatres.
Quant à la date de rédaction d’une première version du texte de 1560 De la vraye, qui s’intitulait probablement Du vœu de Jephté, les choses sont moins claires. En effet, d’un côté nous avons des éléments qui semblent indiquer une édition proche de 1551 : La mention dans l’ ``advertissement`` du texte de 1560 : « Ce que j’en avoye es-[*2v]crit, il y a desja fort long temps », et le renvoi au « livre du vœu de Jephté, sur la matiere du vœu de continence & de chasteté » dans 1551 De la source, p. 4, 17-19. Mais d’un autre côté, nous avons cette mention de 1570 dans l’inventaire du fonds de librairie de Laurent de Normandie : « 90 de Veu de Jephté, in-8, de Viret, par Rivery, à 5 s[ous]» (Voir H.-L. Schlæpfer, ``Laurent de Normandie``, Aspects de la propagande religieuse, p. 210, Genève, 1957). Or, bien que Jean Rivery commença à imprimer dès 1550 en collaboration avec son frère Adam, pourquoi Viret qui avait confié le début de son œuvre à Jean Girard, aurait-il changé d’imprimeur et donné la suite aux frères Rivery ? Probablement que cette mention d’inventaire fait référence à une réimpression de l’ouvrage par Rivery vers 1559, Girard étant décédé en 1558. Malheureusement nous n’avons pas trouvé d’exemplaire de ces éditions.