vendredi, 30 mai 1997 20:28
Plusieurs bibliographes citent un certain nombre de traductions et d’éditions latines. Relevons d’abord les textes qui nous sont parvenus, avec leur correspondant français :
1547 De la communication -> 1551 De communicatione.
1548 De la vertu -> 1554 De origine, cont.
1551 De la source -> 1552 De origine veteris.
1553 De vero verbi -> 1560 Du vray ministere.
Or selon ces bibliographes les textes latins seraient beaucoup plus nombreux.
Le premier point à soulever est que généralement les anciens bibliographes citaient des éditions non de visu, mais en se référant à d’autres auteurs. Si dès le milieu du XIXe siècle on fit preuve d’esprit critique, tel ne fut pas le cas auparavant. Au cours du XIXe les auteurs, tels A. de Montet et F. Hœfer, se référaient généralement à Jean Senebier, qui lui-même se référait à ses prédécesseurs (A. de Montet, Dictionnaire biographique des Genevois et des Vaudois, II, pp. 624-629, Lausanne, 1878 ; F. Hœfer, Nouvelle biographie générale, T. 46, cols. 261-264, Paris, 1866 ; J. Senebier, Histoire littéraire de Genève, I, pp. 153-160, Genève, 1786). Or au XVIe, quand on écrivait en latin, il arrivait que l’on traduise aussi le titre des œuvres que l’on mentionnait, c’est ce que fit Conrad Gesner (C. Gesner, Epitome, fol. 149 r° - v°, Zurich, 1555). Plus tard, Melchior Adam cite 22 ouvrages de Viret, dont les titres sont exclusivement en latin et dont plusieurs de toute évidence sont traduits du français (M. Adam, Decades duæ continentes vitas theologorum exterorum principum, pp. 120-123, Francfort, 1618). C’est ainsi que 16 parmi ceux-ci vont se retrouver, parfois légèrement modifiés, chez Senebier. Si Adam n’indique que les titres, Senebier donne les formats, adresses et dates. Ces indications correspondent généralement à celles d’un texte français existant. A ceci s’ajoute qu’aucun des textes latins de Viret connus actuellement n’a été traduit la même année que le texte original.
Finalement, ajoutons au dossier trois éléments :
- Adam considérait chaque chapitre de 1553 De vero verbi comme autant de titres (ce qui réduit sa liste à 18 titres). Cet ouvrage est d’ailleurs le seul a avoir été écrit d’abord en latin ; d’autre part comme Viret le dit dans sa préface, il s’agit du premier livre qu’il a lui-même écrit dans cette langue.
- Comme le dit Viret lui-même, 1551 De communicatione a été traduit en latin à son insu par quelqu’un d’autre (Voir Lettre à Jean Oporin du 15 oct. 1549, J. Barnaud, Quelques lettres inédites, p. 37. Et 1553 De Vero Verbi, p. 226 : « A quodam conversus, in lucem editus est»).
Dans le cas de 1552 Disputations, après avoir longuement expliqué les raisons pour lesquelles il écrit plus volontiers en français, il ne rejette pas l’idée d’une traduction latine : « Et si la chose est digne d’estre mise en langue latine, s’il plait au Seigneur, il se pourra quelquefois faire avec le temps ; ou touchera le cœur de quelcun, qui le fera mieux » (p. 94, 23-26). Mais contrairement à ce qu’indiquent les bibliographes, il nous paraît peu probable qu’une telle traduction ait été entreprise cette même année 1552. Les mentions les plus anciennes font certainement référence au texte français (C. Gesner, Bibliotheca, p. 686, Zurich, 1583 ; J. Verheiden, Præstantium, p. 121, Nieulandii, 1602).